LE NOBLE
CORAN

TRADUCTION DU SENS DE SES VERSETS ET ANNOTATIONS

Le noble Coran

Traduction des sens des versets et commentaires

Par Kamel Chekkat et Messaoud Boudjenoun

Avant-propos des traducteurs :

Le noble Coran, le Livre sacré par excellence des musulmans, a suscité très tôt l’intérêt et la curiosité – accrus mais non dénués d’arrière- pensées il va sans dire – des non musulmans. C’est ainsi que les premières traductions vers le français, puisqu’ici, il est question de cette langue, furent l’œuvre d’hommes d’église ou d’orientalistes, avec pour intention et but, non pas la connaissance du Livre sacré à la base de la religion musulmane, mais des velléités de le réfuter et de montrer qu’il n’est pas une Révélation divine mais une œuvre tout ce qu’il y a d’humaine. Cet intérêt est allé en grandissant. En effet, après l’échec de la première croisade contre le monde musulman menée par l’Eglise, l’abbé de Cluny appelé Pierre le vénérable, commanda la première traduction du noble Coran dans le but de le réfuter. Pour ce faire, il s’adressa à l’anglais Robert de Kennet qui, entouré d’une équipe de collaborateurs, entreprit de faire la première traduction en langue latine du noble Coran. Cette traduction fut exécutée en Espagne en 1141 ou 1142 de l’ère chrétienne, deux ans avant la deuxième croisade. En 1647, une autre traduction en langue française parut sous la plume du chancelier André de Ryer, un ancien consul général de France en Turquie puis en Egypte. Cette traduction eut un large écho et fut rééditée à cinq reprises, entre Paris et Amsterdam. Une autre traduction en langue latine parut à Paris en 1698 sous la plume du père Ludovico Marracci, le confesseur du pape Innocent XI. On parle aussi d’une traduction du Coran faite par l’orientaliste Antoine Galland, célèbre pour sa belle traduction des « Mille et une nuits » au début du dix-huitième siècle, mais qui serait perdue. Puis les traductions s’enchaînèrent surtout sous la plume d’orientalistes qui prirent le relais des hommes d’église et qui n’étaient pas, eux aussi, – du moins pour certains d’entre eux – à l’abri des préjugés, des idées préconçues et des stéréotypes de toutes sortes vis-à-vis de l’Islam, de son Livre fondateur et de son Prophète. Il y eût alors les traductions plus complètes de l’orientaliste et égyptologue français Claude Etienne Savary en 1783 1, six ans avant la révolution française, une traduction plusieurs fois rééditée, celle du polonais Albert Kasimirski en 1840 2, celle d’Edouard Montet en 1925 3, celle du Dr Joseph-Charles Mardrus en 1926, mais qui est incomplète 4, celle de l’orientaliste Régis Blachère en 1947 5, celle de Henry Mercier publiée en 1956 6, celle de Mme Denise Masson en 1967 7, une version revue et corrigée par l’érudit et savant libanais le regretté professeur Sobhi Saleh, publiée en 1980 8, celle du poète et ancien prêtre Jean Grosjean en 1972 9, celle du français d’origine syrienne René Khawâm en 1990 10, celle de l’ancien maire de Jérusalem (El-Quds) André Chouraqui la même année 11, celle de l’orientaliste et arabisant Jacques Berque en 1995 12, et ainsi de suite jusqu’à nos jours où le noble Coran ne cesse de stimuler la curiosité des chercheurs et des spécialistes pour diverses raisons. En somme, la traduction du noble Coran en langue française était presque exclusivement l’apanage des occidentaux notamment Français. Cependant, depuis quelque temps, nous assistons à une heureuse et intéressante démarche de certains intellectuels musulmans de traduire par eux-mêmes les significations de leur Livre sacré en le mettant à la portée des non musulmans qui n’ont pas accès à la langue arabe. Ainsi, après la collaboration du professeur algérien Ahmed Tidjani à la traduction du professeur Octave Pesle en 1936 13, plusieurs traductions parurent sous la plume de savants et d’intellectuels musulmans pétris des valeurs de l’Islam et ouverts sur la civilisation universelle. Une traduction en français faisait autorité dans les années cinquante-soixante. Elle est l’œuvre d’un savant musulman, le regretté professeur Mohammed Hamidullah, un lettré et érudit indien polyglotte ayant vécu et édité en France ses nombreux ouvrages sur l’Islam dont sa célèbre biographie du Prophète (qsssl) en deux tomes et sa fameuse traduction du noble Coran éditée en 1959, 14, bien qu’il soit plus anglophone que francophone. Cette initiative du professeur Mohammed Hamidullah fit école et on vit plusieurs traductions paraître sous la plume de savants et d’intellectuels musulmans d’expression française. Nous avons ainsi la traduction des professeurs tunisiens Ahmed Ghédira publiée en 1957, 15, celle de Salah Eddine Kechrid en 1981 16, suivie de celle de Sadek Mazigh en 2005, 17, celles des professeurs marocains Mohammed Chiadmi parue en 2008 18, et celle de Mohammed Benchekroun parue en 2012, 19, toutes les deux en France. Il y a aussi celle du nigérien Bouraïma Abdou Daouda parue en 1999, aux éditions Daroussalâm à Riyad, 20, celle de l’écrivaine égyptienne Zayneb Abdelaziz publiée en 2002, 21, de même que celle du mauritanien Mohammed Mokhtar Oul Bah publiée en 2002, 22. Il y a enfin celle du Pr Abolqasemi Fakhri, un auteur iranien de rite chiite parue en 2008, 23.

Les algériens ne furent pas en reste. Parmi eux, certains intellectuels se mirent à l’œuvre et entreprirent de traduire le Livre sacré en langue française. Citons, à titre d’exemple, l’ancien recteur de la grande mosquée de Paris si Hamza Boubekeur auteur d’une traduction riche en notes, très appréciée, publiée en 1979, 24. Il y a aussi celle du professeur Ahmed Laïmèche avec la collaboration du professeur B. Bendaoud, publiée une première fois à Oran dans les années trente, puis à Paris en 1984, 25. Citons aussi celle qui a vu le jour sous la plume de l’anthropologue Malek Chebel en 2009, 26. Sans oublier bien sûr la dernière traduction faite par les deux professeurs Hachemi Hafiane, enseignant à la retraite et le regretté Hocine Raïs, ancien enseignant à l‘institut Al-Ghazâli de la grande mosquée de Paris, parue en 2010 à Paris, 27. On parle aussi d’une traduction faite par le philosophe et traducteur algérien Mohand Tazrout dans les années soixante et qui a été retrouvée dans ses archives personnelles lors de sa mort en 1973 au Maroc. Mais personne ne sait ce qu’il est advenu de cette traduction inédite, 28.

Ce qui est admirable aujourd’hui et dénote de l’intérêt de plus en plus affirmé pour l’universalité du message coranique, c’est que la traduction du noble Coran n’est plus l’apanage des orientalistes, arabisants ou d’érudits musulmans, comme c’était le cas auparavant, mais d’intellectuels musulmans de souche occidentale, élevés dans la culture française et pétris de la spiritualité de l’Islam. Il s’agit, en fait, de Français convertis à l’Islam et versés dans la spiritualité musulmane (soufisme), maîtrisant les deux langues. Il en est ainsi de la traduction faite par l’écrivain et traducteur français musulman Dominique (Abdellah) Penot et parue à Lyon en 2005 aux éditions Alif, 29, ainsi que celle parue sous la plume du défunt érudit Jean Louis Michon (Ali Abd Al-Khâliq), 30, un ancien collaborateur de l’UNESCO et auteur de plusieurs ouvrages sur la spiritualité musulmane dont la traduction de l’exégèse mystique du marocain Ahmed Ibn ‘Adjîba. Il y a aussi l’essai de traduction et annotations du français musulman le regretté Maurice (Obaidellah) Gloton publiée en 2014, 31.

Il va sans dire que toute nouvelle traduction est la bienvenue dans le paysage intellectuel et culturel francophone pour, sinon combler un vide, du moins ajouter un plus à ce qui existe déjà et dont l’importance pour les lecteurs francophones, aussi bien musulmans que non musulmans, n’est plus à démontrer, la demande à ce sujet restant toujours à la hausse. C’est ce que nous voulons faire à travers cette nouvelle traduction que nous avons voulu simple et accessible, fidèle autant que faire se peut au texte arabe, avec le maximum d’annotations pour expliquer ce qu’il est nécessaire d‘expliquer et de clarifier, une traduction qui viendra enrichir à coup sûr la bibliothèque de l’Islam et contribuer à faire connaître la dernière parole de Dieu à ceux qui ne peuvent pas y avoir accès dans sa langue d’origine, qu’ils soient des non musulmans ou des musulmans ne maîtrisant pas suffisamment la langue arabe pour pouvoir accéder directement au texte originel.

Espérons que cette nouvelle traduction recevra un accueil favorable de la part des lecteurs francophones avides et désireux de lire et de connaître le Livre sacré de l’Islam, un Livre qui ne cesse d’éblouir et de captiver les cœurs et les âmes assoiffées de spiritualité et aspirant à tendre l’ouïe à la Parole incréée et intemporelle de Dieu qui interpelle et les cœurs et les esprits, un Livre dont les miracles et les merveilles ne cesseront jamais, pour reprendre un hadith du Prophète (qsssl) parlant des mérites et des bienfaits inépuisables du noble Coran, bref un océan sans rivages, pour reprendre l’expression du grand théologien et soufi Abû Hâmed Al-Ghazâli.

A la fin, tout en priant Allah d’agréer ce travail et d’en faire une aumône courante (sadaqa djâriyya), nous Lui demandons de pardonner toute erreur ou omission pouvant émaner de nos personnes imparfaites, la perfection étant Son seul apanage et Son seul attribut que Sa majesté soit exaltée. Louange au Seigneur des univers et que la prière et le salut soient sur le Messager d’Allah, sur sa famille et tous ses compagnons, jusqu’au Jour de la résurrection.

Notes :

1. Editions Knapen et fils, Paris 1783.
2. Editions Charpentier, libraire, éditeur, Paris, 1844.
3. Editions Payot, Paris 1925.
4. Editions Fasquelle, Paris, 1926. Mohammed Hamidullah parle de 62 chapitres (sourates) seulement traduits.
5. Editions librairie orientale et américaine, G.P Maisonneuve, Paris, 1947. Il y a lieu de signaler que l’orientaliste et arabisant français Régis Blachère s’est distingué des autres traducteurs, en se basant, dans sa traduction du Coran, sur un ordre soit disant chronologique du Coran en ignorant la vulgate de ‘Uthmân qui fait consensus parmi tous les musulmans. Mais cette démarche s’est soldée par un échec complet et Blachère s’est vu dans l’obligation de revenir à l’ordre normal et classique élaboré et appliqué par le Prophète (qsssl) et suivi par ‘Uthmân dans sa vulgate. Depuis, c’est cet ordre-là qui est suivi par tous les traducteurs, car c’est dans l’ordre des choses.
6. Editions techniques nord africaines, Rabat, éditions Eurafrique, Tanger, 1956.
7. Editions Gallimard, Paris, 1967.
8. Editions Gallimard, Paris, 1980.
9. Editions club du livre, Philippe Lebaud éditeur, Paris, 1972.
10. Editions Maisonneuve et Larose, Paris, 1990.
11. Editions Robert Laffont, Paris, 1990.
12. Editions Sindbad, Paris, 1990, puis Albin Michel, Paris, 1995.
13. Editions Maisonneuve et Larose, Paris, 1936.
14. Editions le Club français du livre, Paris, 1959. Cette traduction fut rééditée plusieurs fois, avec des corrections et des révisions, notamment par le complexe du roi Fahd à Médine.
15. Editions du Fleuve, Imp Audin, Lyon, 1957.
16. Editions Dâr El-Gharb El-Islâmi, Beyrouth, Liban, 1981.
17. Editions du Jaguar, Paris, 1985.
18. Editions Tawhid, Lyon, 2004. La première édition fut publiée en 1999, à Rabat aux éditions El Ma’ârif El-Djadîda.
19. Editions Universel, Paris, 2012.
20. Editions Daroussalâm, Riyad, 1999.
21. Editions Association mondiale de l’appel Islamique, Tripoli, Libye, 2002.
22. Editions Complexe du roi Fahd pour l’impression du noble Coran, Médine Arabie saoudite, 2002.
23. Editions El-Aalâm, Beyrouth, 2008.
24. Editions Fayard, Paris, 1979.
25. Editions Heintz Frères, Oran, 1931. Rééditée par l’association France-Islam en 1984 en France.
26. Editions Fayard, Paris, 2009.
27. Editions Presses du Chatelet, Paris, 2008.
28. Selon l’universitaire et homme politique français Jacques Fournier, auteur d’un livre sur la vie et l’œuvre de Mohand Tazrout, la copie de la traduction du Coran a été découverte dans les affaires du penseur algérien après sa mort à Tanger, au Maroc, en 1973. La traduction a été confiée par l’universitaire et la fille de Tazrout à un cadre du ministère de la culture algérienne de cette époque sans savoir ce qu’elle est devenue depuis. Cette traduction aurait été faite dans les années soixante selon Jacques Fournier.
29. Editions Alif, Lyon, 2005.
30. Editions version électronique www.lenoblecoran.fr
31. Editions El-Burâq, Paris, 2014.

Chapitre « Hizb 25 »
Versets de la Sourate 13 « ER-RA‘D – LE TONNERRE »

Le Noble Coran

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